Le mode touriste

 

Il y a quelques temps de cela, de retour d’une fête dans le Berry, je me promenais dans la ville d’Angers. Amoureux des vieilles pierres, d’architecture et d’histoire, j’ai tout naturellement décidé d’aller visiter la cathédrale.

Selon mon habitude, j’ai choisi d’y accéder par les petites rues, l’esprit en éveil, prêt à prendre des photos potentiellement intéressantes.

J’étais totalement en « mode touriste » : une photo par ci, une photo par là, une vieille maison, une ruelle pavée. Aucun travail photographique : que des souvenirs de mon passage dans cette ville.

 

Observer

 

L’esprit toujours en éveil, je continue mon chemin. Et au détour d’une ruelle, mon attention est attirée par une voiture qui a accumulé les PV. En cadrant pour prendre la photo, je m’aperçois qu’elle est garée devant le numéro 13 de la rue. Je souris et intérieurement je me dis que si le propriétairel avait fait un petit peu plus attention, il se serait sûrement garé un peu plus loin !

Cette situation m’amuse et je décide de prendre une photo, cette fois-ci non pas seulement en cadrant sur la voiture et ses PV, mais aussi en mettant le n° 13 en perspective, dans le champ et bien visible, pour que l’on établisse bien la relation entre ce porte malheur et son résultat !

Recevez gratuitement le

PDF de cet article !

 

Le mode photographe

 

A la recherche d’un cadrage

 

Et puis, en arrivant à la cathédrale, je tombe sur ces parasols de bar qui m’intriguent. A ce stade, je ne sais pas pourquoi ils m’intriguent, mais j’ai déjà une certitude : il y a là une photo à faire.

C’est alors que la machine à réfléchir se met en route, avec son flot de questions.

Quel est le sujet ? Ce sont, bien sûr, les parasols

Qu’est-ce que je veux en montrer ? Relation avec le bar et leur taille qui me paraît disproportionnée par rapport aux lieux : la terrasse est minuscule et les parasols, une fois déployés, doivent mordre sur la route.

Je prends donc la première photo, verticale pour la taille, en cadrant de façon à apercevoir à la fois la terrasse et la route.

Analyse rapide de la photo : plusieurs éléments perturbent la lecture de l’image. En premier lieu, l’image est en contre-jour et donc le sujet est plus sombre que l’arrière plan, qui attire davantage l’attention. En outre le panneau de stationnement interdit et la voiture rouge captent également le regard.

Que faire ?

Pour le contre-jour, je n’ai ni flash, ni réflecteur pour compenser la luminosité et mon appareil ne me permet pas d’effectuer de HDR. Pour améliorer cela, il faudra donc que j’attende la retouche.

Par contre, en me décalant légèrement sur ma gauche et en m’approchant, je peux masquer le panneau et la voiture. C’est donc ce que je fais, mais le fait de se rapprocher resserre davantage le cadrage sur les parasols, et je perds mon idée de départ concernant leur taille et leur emprise sur la route.

 

Changement de programme…

 

J’aurais pu continuer ainsi à chercher le cadrage idéal pour réaliser la photo parfaite qui répondait à mon idée de départ, mais en analysant rapidement cette nouvelle photo, j’ai été frappé par la ressemblance du haut des parasols avec les larges capuches surplombant les anciennes robes de bure monastiques.

Mon imagination s’est aussitôt mise en route et je me suis « fait un film » de moines sortant du bistrot pour rejoindre l’église ! Cette idée a supplantée la précédente : elle est tellement plus fun !

Je me mets donc en quête d’un nouveau cadrage, pour raconter cette nouvelle histoire : une photo horizontale me permet à la fois d’éliminer la brillance du haut de la cathédrale, d’éliminer les autres objets gênants et de mettre en perspective uniquement cette procession de moines (enfin…de parasols) et le lieu du culte vers lequel ils se rendent.

 

Conclusion

 

Cette photo, insolite et totalement inattendue, est donc le résultat :

  • d’une démarche de prise de vue : la recherche du meilleur cadrage au service d’une idée
  • de l’analyse rapide des photos sur place et de l’observation des éléments
  • de la capacité à être réactif et à s’adapter rapidement aux circonstances

 

Elle a fait partie d’une exposition collective où elle a suscité de la curiosité.

Vous voudriez peut-être savoir ce que j’ai fait ensuite ? Et bien j’ai continué de me promener. J’ai d’abord visité la cathédrale (je n’y ai pas vu nos « moines »…), puis le château. Tout s’est terminé par une photo de nuit des fontaines.

Vous aussi êtes tout à fait capable de vous déconnecter du « mode touriste » pour vous concentrer, le temps de réaliser une image intéressante, insolite ou qui sort tout simplement de l’ordinaire. Il suffit pour cela d’avoir l’esprit ouvert, d’observer et de chercher le meilleur cadrage.

Résumons :

  1. Il n’y a pas de honte à se mettre en « mode touriste ».
  2. Le « mode touriste » n’empêche pas de garder l’esprit ouvert, d’être attentif à son environnement, prêt à capturer une image intéressante ou insolite.
  3. On peut s’évader du « mode touriste » : pour un photographe, la recherche d’une bonne image aura toujours la priorité.
  4. Si on incorpore deux sujets dans la même image, le sujet principal devient la relation qu’on établit entre eux
  5. Pour que cette relation fonctionne, elle doit être la plus évidente possible.

 

Et maintenant ?

 

Ayez toujours votre appareil avec vous et cherchez des images intéressantes à photographier, en variant vos cadrages et vos approches. N’oubliez pas de bien définir votre sujet.

Et surtout : amusez-vous !

Si vous aussi vous avez une histoire à raconter à propos de l’une de vos photos, envoyez-moi et l’un et l’autre : elles seront publiées !

Recevez gratuitement le

PDF de cet article !